Il s’appelle Jean.
Grâce à lui, grâce à Dieu, cela fait 43 ans de vie en plus que ce que les premiers diagnostics avaient annoncés.
Je ne sais pas pourquoi cela m’a pris tant de temps de m’intéresser à cet homme, chef du service pédiatrie, qui, la nuit du 7 mai 1980, a laissé sa famille en pleine nuit pour venir s’occuper de moi.
J’avais alors deux ans et l’otite diagnostiquée quelques jours plus tôt, ne guérissant pas, mon médecin traitant, sur insistance de ma mère , a finalement posé les prémices du juste diagnostic : méningite à pneumocoques.
Là il n’y avait plus de temps pour tergiverser, nous sommes partis en pleine nuit de toute urgence à l’hôpital. Arrivés là, alors que ma nuque était déjà fort raide, on a dit à mes parents que mon pronostic vital était engagé et qu’au mieux, je sortirai de là handicapée avec une grande probabilité de surdité.
11 jours de traitement plus tard, miracle. Guérison pleine et entière sans séquelles.
Je ne me souviens pas de grand chose. Je ne me souviens pas de Jean. Je ne saurai pas dire quel visage il avait, s’il souriait, si sa voix était douce. C’est comme cela que j’aime l’imaginer.
Ce dont je me souviens très clairement en revanche c’est le jour où je suis sortie de l’hôpital. J’étais à l’arrière de la voiture à côté de ma maman et je lui montrai le paysage qui défilait et m’exclamait « oh regarde maman un arbre, c’est beau un arbre », « oh regarde un oiseau, que c’est beau un oiseau ».
Je suis sortie de cet hôpital, certaine au plus profond de moi, de l’existence d’un Dieu d’amour qui dépasse tout, qui peut tout, qui ne se fonde pas sur le mérite mais seulement sur la grâce.
Je repense de temps en temps à cette expérience dont je suis convaincue qu’elle est à l’origine de qui je suis, une personne simple, focalisée sur l’essentiel et dont le seul moteur est la foi.
Merci Jean, d’avoir été là, d’avoir posé le bon diagnostic, le bon traitement. Merci d’avoir été l’instrument de Dieu cette nuit là pour moi.