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« Infiniment au delà »

Cette semaine, j’ai revu un ami avec lequel je n’avais plus eu beaucoup de contacts à cause de la pandémie et de mon burn-out. Il a prononcé des mots qui m’ont beaucoup fait réfléchir. « Ne me dis pas que tu travailles dans la finance ? » m’a t-il dit, sous-entendant que je n’étais plus tout à fait moi-même de ne plus me vouer corps et âme aux autres dans l’économie sociale et d’avoir rejoint les grands méchants de la promotion immobilière classique.

Ce genre d’interjection venant de quelqu’un que j’aime et respecte a habité mes pensées. C’est vrai que depuis que j’ai accepté ce poste dans l’économie traditionnelle, je me pose beaucoup de questions. Je ressasse que cela ne peut être qu’un passage, que c’est une transition : – un job reposant pour me réconcilier avec le travail, en tout cas ne plus l’associer à un lieu sans limite où l’épuisement guette. Au cours des derniers mois, j’ai répété à qui voulait l’entendre que je n’étais là que pour un temps, que je reviendrai bien vite à mes premières amours, à l’économie sociale.

La réalité n’est cependant pas si tranchée. Mon retour à l’économie sociale est dépourvu d’agenda, d’un projet, et même d’un domaine de prédilection. Il n’y a qu’une forme de pression personnelle qui ne m’a pas poussée à passer à l’acte jusqu’à présent.

Et puis, je trouve des bons côtés à ce job reposant. Je m’occupe mieux des miens. Je m’occupe mieux de moi. Je travaille dans le secteur immobilier que j’aime et j’y apprends à perfectionner ce métier. Je sais depuis longtemps que mon penchant naturel à me porter vers les autres n’est pas attaché aux lieux, aux domaines, il est assouvi quelle que soit l’heure du jour et l’environnement dans lequel je me trouve.

La vérité est qu’il est encore trop tôt pour dire combien de temps je ferai dans cette entreprise.

C’est vrai que je suis naturellement portée vers l’autre, que j’ai à coeur d’être aussi respectueuse de l’environnement que je peux, que j’ai soif de justice sociale. Mais cela n’est pas un métier, c’est une partie de mon identité, des valeurs qui me sont chères.

C’est quoi l’essentiel pour moi ? Y a t’il une chose qui m’habite au quotidien ? qui me fait vivre ? qui me passionne ? qui me rend pleine, complète ?

Sans hésiter la foi. L’étude de la Bible. Un livre extraordinaire qui a le pouvoir de me fait grandir au fur et à mesure que je l’étudie.

Pas simple aujourd’hui de parler de cela car on se retrouve soit face aux religieux qui veulent nous attacher à une confession, soit agressé par ceux et celles qui se définissent comme ne croyant en rien.

Or moi, je suis croyante, en Jésus Christ, sans autre église que celle qui habite mon coeur et les quelques autres coeurs que j’ai identifiés comme parlant du même Dieu que moi.

En plus, je suis une femme vivant avec une femme alors autant dire que les églises ne m’ont pas ouverts grandes leurs portes…quant à ceux qui ne croient pas, ils ne comprennent même pas comment je peux me fourrer dans un bordel pareil. Je suis hors cadre. Et tant mieux car c’est ce qui me permet de grandir dans cette conviction de cet « infiniment au delà » de l’Amour de Dieu.

J’espère que petit à petit, je pourrai prononcer de bons mots à dire pour diffuser un petit morceau de cette joie profonde qui m’habite de me savoir aimée telle que je suis. Pour le moment je continue à apprendre chaque jour un petit morceau supplémentaire de la Bonté de Dieu.

« Infiniment au delà de ce que je peux demander ou penser ». Ces quelques mots tirés du l’épitre aux Ephésiens me font vivre depuis des semaines.

J’espère qu’ils te feront du bien à toi aussi.